L’an XIV, le 28 du mois de vendémiaire à onze heures du matin, nous Louis HOSEMANN, sous-préfet de l’arrondissement communal de Wissembourg, en exécution du décret impérial du 27 nivôse et de celui du 8 fructidor an XIII et conformément aux instructions de son Excellence le ministre de la guerre et de monsieur le Conseiller d’Etat, Préfet du département du Bas-Rhin, nous étant rendu dans la ville de Woerth (sur-Sauer) chef-lieu de canton de ce nom aux fins de procéder aux opérations de la levée des conscrits de l’an XIV, où étant nous nous sommes transportés à la maison commune du dit-lieu, où étant nous avons trouvé réunis les maires des vingt et une communesformant le canton conformément à notre circulaire préalable de convocation, leur avons aussitôt donné connaissance des différentes dispositions relatives à l’opération qui les appelle et procédé de faîte et ce en présence de messieurs BUBS, lieutenant de la gendarmerie, BUROS officier commandant le recrutement de notre arrondissement, à la vérification des listes conformément à l’article III du décret impérial du 8 fructidor an XIII.

Ce qui ayant été terminé sans qu’aucune réclamation se soit élevée, il a été procédé de suite et séance tenante conformément au titre II du décret impérial du 8 fructidor an XIII à la fixation du rang des conscrits.

 

A leur inscription sur la liste générale indiquant le numéro d’un chacun, le nombre des conscrits devant former cette liste étant trouvé de 118, il a été procédé de suite au tirage conformément au titre susdit du décret.

Et au moment où cette opération allait s’effectuer, il s’est élevé dans la rue et au bas du lieu de nos séances une violente rumeur. Ayant fait transporter la garde nationale et la gendarmerie impériale au tumulte, il s’est augmenté de plus en plus et il nous a été rendu compte qu’il était causé par les jeunes gens de Gunstett, Walbourg et Durrenbach qui soulevaient ceux des autres pour les engager à se révolter contre la désignation et ce à propos délibéré. Nous étant, nous même, transporté à l’endroit des troubles, accompagné du lieutenant de la gendarmerie, avons trouvé un grand nombre de conscrits ameutés, luttant contre la force armée qui devait les ramener au bon ordre. Les ayant prévenus que celui qui serait reconnu fomenter et entraîner troubles serait de droit et sans être admis au tirage désigner comme premier à marcher, cette menace n’ayant pas produit l’effet attendu, nous avons sur le champ donné nos ordres pour faire saisir ceux que l’on reconnaitrait chefs de complot pour les faire mettre en prison, ce qui ayant été fait sur les individus de François Antoine BATT de Walbourg, André HITTLER et André BAUMANN de Gunstett, tous les trois conscrits devant concourir à la désignation. Le trouble a aussitôt cessé et le calme fut rétabli par réclusion de ceux qui encourageaient le trouble par leur exemple coupable.

Etant remonté dans la salle d’audience, nous y avons retrouvé les maires des communes de Gunstett et de Durrenbach qui malgré nos invitations réitérées n’avaient fait aucun effort efficace pour ramener leurs administrés mutinés à l’ordre et leur avons témoigné notre vif mécontentement qui leur a également été donné à connaître de la part des maires des communes dont les conscrits avaient (étaient) restés tranquille. La majorité des maires nous ayant rappelé que déjà aux deux précédentes désignations, les conscrits des mêmes trois communes de Durrenbach, Gunstett et Walbourg avaient également donné l’exemple le plus coupable de la rébellion et du tumulte, qu’il importait beaucoup de punir exemplairement les malins, tant pour leur répréhension personnelle que pour un exemple aux autres et qu’enfin pour ôter tout soupçon de répression qui pourrait rejaillir sur les communes tranquilles.

Nous étant de fait convaincu par les informations prises que les trois sujets dont il s’agit, se sont portés à des excès qui ne l’auraient été, qu’ils auraient même tiré leurs couteaux contre la garde nationale et la gendarmerie et ayant enfin obtenu des renseignements par lesquels il résulte que les individus se sont toujours distingués pour leur conduite déréglée et dangereuse à la police publique, avons cru en pouvoir mieux les réprimer qu’en les désignant comme premier à marcher et en les désignant de droit en tête du contingent de l’armée active ainsi que nous l’avions annoncé en donnant de droits aux nommés François Antoine BATT de Walbourg, André HITTLER et André BAUMANN de Gunstett les trois premiers numéros de la liste des conscrits devant former le contingent.

L’ordre étant ramené, il a été procédé au tirage et il a été, après qu’il fut terminé, donné lecture de la liste qui formait son résultat conformément au deuxième paragraphe de l’article 12 du décret.

Quatre heures de relevé ayant sonné, nous avons déclaré la séance levée pour être reprise demain matin à huit heures et le sieur BUBS, lieutenant de gendarmerie signé le présent avec nous.

Le 29 vendémiaire à huit heures du matin, nous sous-préfet susdit et soussigné nous sommes derechef transporté au lieu de notre séance d’hier où ayant trouvé réunis les mêmes personnes qui composaient la réunion précédente avons procédé à l’examen qui composaient au titre V du décret impérial du 8 fructidor an XIII. Il a donc été (donné) connaissance à l’assemblée réunie des conditions onéreuses et bénéficiaires dudit décret, des différentes autres dispositions d’icelui et notamment des articles 29 et 30 et avons reçu les déclarations suivantes :

Suit la liste des conscrits avec leur déclaration

L’examen terminé, il a été donné connaissance à l’assemblée de toutes les dispositions qui l’intéresse de même qu’il a été fait pour les cantons précédents et annoncé aux maires et adjoints  que l’un d’eux aura à se présenter à Strasbourg au conseil de recrutement au 4 brumaire prochain avec les conscrits dans le cas d’y paraître et avons déclaré notre travail terminé en annonçant la séance levée et notre parfaite satisfaction sur le conduite des maires et des conscrits à l’exception de ceux de Gunstett, Walbourg et Durrenbach de la mauvaise conduite desquels il a été fait mention au présent.

De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal que messieurs BUBS, officier de la gendarmerie et BUROS, officier commandant le recrutement ont signé avec nous.

Woerth le 29 vendémiaire an XIV à 1h00 de relevé.

Le 3 brumaire an XIV, le sous-préfet envoie le présent procès-verbal au préfet du Bas-Rhin, l’informant par la même occasion que le 4 brumaire an XIV, il lui enverra le procès-verbal du canton de Niederbronn.

Sources : Archives Départementales du Bas-Rhin 1RP127

 


Que sont devenus ces trois conscrits?

BATT François Antoine

Il est né le 24 juin 1785 à Walbourg. Il est fils de Philippe et de ENGINGER Philippine. Il est journalier.

Il est conscrit de l'an XIV du canton de Woerth et obtient d'office le numéro 1 lors tirage au sort. Il part le 8 brumaire an XIV et arrive au corps le 24 du même mois. Il est fusilier et sert à la 4ème compagnie du 3ème bataillon du 27ème régiment d'infanterie de ligne (matricule n°2691). Le 4 janvier 1806, Il déserte.

Il mesure 1,700 mètre, a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux bruns, le front couvert, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond et le visage ovale.

BAUMANN André

Il est né le 21 janvier 1785 à Gunstett. Il est fils d'André et de KUHN Elisabeth.

Il est conscrit de l'an XIV du canton de Woerth et obtient d'office le numéro 3 lors tirage au sort. Il part le 8 brumaire an XIV et arrive au corps le 24 du même mois. Il est fusilier et sert à la 2ème compagnie du 3ème bataillon du 27ème régiment d'infanterie de ligne (matricule n°2690). Le 4 janvier 1806, il déserte.

Il mesure 1,740 mètre, a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux bleus, le front couvert, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton long et le visage ovale.

HITTLER André

Il est né le 19 juillet 1785 à Gunstett. Il est fils de George et de BURGER Barbe. Il est conscrit de l'an XIV du canton de Woerth et obtient d'office le numéro 2 lors du tirage au sort. Il part le 8 brumaire an XIV et arrive au corps le 24 du même mois. Il est fusilier et sert d'abord à la 5ème compagnie du 3ème bataillon du 27ème régiment d'infanterie de ligne (matricule n°2692). Il incorpore ensuite comme grenadier la compagnie de grenadiers du même bataillon. Le 22 juillet 1812, il est fait prisonnier de guerre et est rayé des contrôles le jour même.

Il mesure 1,670 mètre, a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux gris, le front couvert, le nez pointu, la bouche moyenne, le menton rond et le visage ovale.

Sources : Service Historique de la Défense 21Yc249

Aucun d'entre eux ne semblent être rentrés au pays.

Alain KLEIN

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